Vous souvenez-vous du jour où vous avez appris l’histoire de votre père ?

Je me souviens de quelques bribes. Je passais mes étés dans le sud de la France, chez des amis et anciens compagnons de mon père.

Ils avaient eu le même destin que lui, mais ils ne sont jamais revenus en Espagne. Le soir, autour de la table, il n’y avait que des exilés espagnols. Les anecdotes fusaient. Toujours autour de la guerre civile.

Un soir, un ami de mon père a raconté en riant une anecdote amoureuse. Mon père en tenait le rôle principal. C’était près de Valence. Ils étaient en permission.
Pour apprécier l’anecdote, il fallait savoir qu’il y avait un front et une guerre. J’étais encore un enfant. On n’allait pas me raconter les histoires les plus horribles. J’ai donc d’abord entendu les anecdotes les plus cocasses et joyeuses. Elles avaient toujours un rapport avec mon père.
C’est durant ces étés que j’ai compris que mon père avait eu un passé. Ses amis préparaient le terrain.