Et la première fois où votre père s’est directement adressé à vous ?
Quelques fois, mon père me conduisait en France et venait me chercher à la fin de l’été. Je l’observais avec ses amis. Je voyais une grande complicité. Je comprenais que ses amis – les vrais – étaient là, en France. Il a parlé tardivement.
En 1970, mon père a perdu l’entreprise qu’il dirigeait. L’amertume et la colère ont refait surface. Il a commencé à parler. C’étaient aussi les dernières années du Franquisme. La parole se libérait peu à peu. La surveillance diminuait. La perte de cette entreprise était pour lui une nouvelle expérience d’injustice.
Ça a fait ressurgir beaucoup de souvenirs enfouis.
À partir de 1970, c’est le début d’un récit construit
et non plus des anecdotes éparses comme c’était le cas jusqu’à présent.